

Enseignante d’arts plastiques pendant vingt-deux ans, Marine Daubenfeld pratique, comme des fulgurances vitales et dans une sphère intime, l’écriture poétique et narrative, ainsi que la peinture et le collage qu’elle métisse volontiers avec les ouvrages dits féminins comme la broderie et la couture.
C’est au détour d’un espace-temps ouvert par l’incendie de sa maison, et concentré lors d’une journée de soleil, qu’elle rencontre la gravure. Une évidence immédiate, où le dessin n’est plus une surface mais s’incarne profondément dans la plaque : matière et trait à chérir, surfaces à explorer, douceur à tailler. Soudain, mille choses à faire surgir, sentir et voir.


Première gravure
Ce qui l’interpelle immédiatement, c’est cette matière à œuvrer, avec une grande rigueur comme un passage obligé qui s’oublie dans l’image, mille détails à appréhender, la pointe qui glisse enfin, le métal tout en creux, la rugosité sous les doigts après le miroir, la morsure liquide, les matières inattendues et ce qu’elles offrent de possibles, le projet qui mature au fil du travail, l’image qui s’affine et prend corps, la viscosité des couleurs qui la révèlent, la surprise du tirage, toujours.
Deux thématiques reviennent inlassablement dans son travail et trament des liens solides : d’une part le féminin à scruter et raconter, comme une inspiration auprès de laquelle revenir, se régénérer pour mieux se déployer ; d’autre part le vivant, paysages, arbres et plantes à rêver, ciels à apprivoiser et eaux à saisir, beautés de contemplation et de guérison.
Au milieu de cette iconographie, déplier la symbolique, dévoiler la lumière, empreindre depuis le cœur.
C’est donc à la recherche plastique et au champ ensemencé par la gravure : vie de la surface, combinaison lignes-couleurs, tension précision-suggestion, que Marine Daubenfeld consacre son temps de graveuse, suivant sa boussole.
Ainsi, les projets naissent, se creusent, s’encrent, s’exposent et trouvent un.e destinataire.